Gestion de crise : Confédération et cantons
Durant la crise liée à la pandémie, la collaboration entre la Confédération et les cantons a été régie alternativement par l’une des différentes situations prévues par la loi sur les épidémies : normale, particulière ou extraordinaire. Les échanges entre les différents échelons de l’État ont été constants. Via la CdC, les gouvernements cantonaux se sont exprimés à plusieurs reprises sur la loi COVID-19, qui a servi de base légale aux ordonnances du Conseil fédéral, et ont participé avec succès à la défense de ce texte lorsqu’il a été soumis au verdict des urnes.
Parallèlement, la CdC a souhaité tirer les enseignements de la gestion de la crise. Un premier rapport intermédiaire couvrant la période allant de février à septembre 2020 a été adopté par l’Assemblée plénière du 18 décembre 2020.
Un bilan final a été tiré dans un rapport assorti d’une série de recommandations politiques et adopté par l’Assemblée plénière du 25 mars 2022. Ce document se base sur une enquête menée auprès d’acteurs clés issus des cantons, des conférences intercantonales et des communes ainsi que sur des ateliers de travail techniques et politiques.
Rapport final
Le rapport final de la CdC met en lumière sept champs d’action dans lesquels des optimisations s’imposent. Il s’agit d’une part de combler certaines lacunes légales et organisationnelles, d’autre part de préciser ou de réaffirmer les processus existants en vue d’une meilleure mise en œuvre.
1. Répartition des tâches et des compétences entre la Confédération et les cantons : La loi sur les épidémies (LEp) doit être précisée. En situation particulière, la gestion stratégique globale doit être explicitement mentionnée comme une obligation de légiférer incombant à la Confédération, tandis que les cantons doivent pouvoir prendre des mesures divergentes applicables à leur territoire (« fenêtres de crise ») dès lors qu’elles se justifient. Il convient de vérifier comment organiser de manière plus objective le passage d’une situation à une autre pour pouvoir compter sur une plus grande sécurité de planification.
2. Responsabilité financière et aides financières : La Confédération et les cantons fixent des principes réglant la responsabilité financière. La prise en charge des coûts directs et indirects induits par les mesures fédérales est si possible réglée au moment de la prise de décision. En vertu de l’équivalence fiscale, la Confédération doit en outre financer intégralement les effets des mesures de lutte nationales. La LEp doit être complétée par une section consacrée aux aides financières afin de définir les contours (objectifs, critères, procédures, compétences, responsabilités, etc.) des mesures de soutien destinées à atténuer les conséquences de l’épidémie.
3. Processus de consultation : La Confédération doit associer les cantons à son processus décisionnel à un stade précoce, même en situations particulière et extraordinaire, et dans la mesure du possible les consulter formellement par l’intermédiaire des chancelleries d’État en amont des décisions. Les communes sont invitées à donner leur avis, via leurs associations faîtières, quand leurs intérêts essentiels sont touchés.
4. Processus législatifs : Les processus législatifs fédéraux et cantonaux doivent être examinés et améliorés de sorte à garantir une meilleure prise en compte des questions de mise en œuvre et d’exécution et une meilleure gestion du temps.
5. Échanges entre la Confédération et les cantons : Afin d’assurer une gestion de crise transsectorielle, anticipative et cohérente à l’échelon de tout le pays, les échanges doivent s’inscrire dans un cadre plus institutionnel. Le Conseil fédéral et les gouvernements cantonaux examinent ensemble comment y parvenir via les structures existantes. En complément, un État-major de crise de la Confédération, permanent et transdépartemental, institué au niveau opérationnel en association avec des représentants cantonaux, assure la préparation des bases de décisions politiques à l’échelon fédéral.
6. Conférences intercantonales : En période de crise aussi les conférences gouvernementales et techniques ont un rôle à jouer (partage d’expériences, d’opinions et d’informations) ; en leur qualité d’organes de coordination et d’harmonisation, elles facilitent la cohésion entre les cantons, l’élaboration de positions communes et l’action concertée. Par ailleurs, les conférences nationales doivent davantage collaborer et les cantons renforcer la coordination régionale dans le cadre des conférences de cet échelon.
7. Communication : Les cantons doivent examiner les bases conceptuelles de leur communication et y ajouter, le cas échéant, les modalités pour les évènements épidémiologiques. En période de crise, la Confédération, les cantons et les communes doivent veiller à se concerter et à éviter toute dissonance. Il en va de l’acceptation des mesures et de la confiance de la population.