Péréquation financière et répartition des tâches

Les cantons ne disposent pas tous du même potentiel de ressources pour assumer leurs tâches et leurs charges divergent. La péréquation financière nationale, issue de la réforme de 2008 et optimisée en 2020 à la faveur d’un compromis porté par la CdC, vise à compenser ces disparités.

La réforme RPT de 2008 a également abouti à un réexamen de la répartition des tâches entre la Confédération et les cantons. Ce désenchevêtrement permet de respecter les principes de subsidiarité (une action publique doit être menée par la plus petite entité capable de l’assumer) et d’équivalence fiscale (la collectivité qui bénéficie d’une prestation de l’État doit en assumer les coûts et peut en arrêter les modalités). Ces principes prévalent aussi dans la collaboration intercantonale avec compensation des charges, à laquelle la réforme a fourni un cadre institutionnel.

Péréquation financière

La péréquation financière nationale vise à réduire les disparités économiques et structurelles entre les cantons. Le principe de base est que les cantons économiquement forts et la Confédération soutiennent les cantons à moindre capacité financière. D’autres instruments permettent de tenir compte de la diversité des charges assumées dans les centres urbains et les régions de montagne et périphériques ainsi que des effets des différentes réformes. Des paiements compensatoires, résultant de ces mécanismes, sont versés chaque année.

Le système actuel a été introduit en 2008. Il a été adapté en 2020, à l’initiative des cantons, afin d’en optimiser le fonctionnement. Pour les cantons, la péréquation financière a fait ses preuves mais le système devait gagner en transparence, en équité et en efficacité. Le projet présenté par le Conseil fédéral en 2018 a été adopté par les Chambres fédérales en 2019.

La péréquation financière repose sur deux éléments de base :

La péréquation des ressources, qui vise à réduire les disparités en termes de capacités financières, est au cœur du dispositif. Elle est financée par la Confédération et les cantons dits à « fort potentiel de ressources ». On calcule pour chaque canton son potentiel de ressources (soit ce qu’il pourrait fiscalement exploiter). Les cantons affichant un résultat supérieur à la moyenne nationale sont réputés « à fort potentiel ». Les cantons dont le potentiel est inférieur à la moyenne (« à faible potentiel ») bénéficient des contributions versées. Ceux dont le potentiel est le plus faible atteignent après péréquation une dotation minimale de 86,5 % de la moyenne nationale.

La compensation des charges, mécanisme indépendant de la péréquation des ressources, dédommage les cantons des charges excessives sur lesquelles ils n’ont pas prise : coûts liés à la structure de la population ou à la fonction de centre (« facteurs socio-démographiques ») et coûts liés à l’altitude du territoire ou à la faible densité de population (« facteurs géo-topographiques »). Les sommes sont versées par la Confédération.

Plusieurs mesures temporaires complètent le système :

La compensation des cas de rigueur vise à ce qu’aucun canton à faible potentiel ne voie sa situation financière se dégrader en raison du passage, en 2008, à l’actuel système de péréquation. Il sera appliqué jusqu’à la fin de 2034 et le montant initialement versé diminue chaque année de 5 % depuis 2016. Un canton devenu entretemps « à fort potentiel » n’a plus le droit à une compensation. Les sommes sont financées pour deux tiers par la Confédération et pour un tiers par les cantons selon leur population.

Les mesures temporaires d’atténuation servent à tempérer les effets de l’optimisation du système dès 2020. Les paiements sont répartis entre les cantons « à faible potentiel » en fonction de leur nombre d’habitant·es. Financés par la Confédération, ils sont versés de 2021 à 2025 et diminuent chaque année.

Des contributions complémentaires, en lien avec la réforme fiscale et du financement de l’AVS (RFFA), seront allouées dès 2024. Pendant six ans, 180 millions supplémentaires par an seront versés par la Confédération pour atténuer les conséquences des modifications de la péréquation des ressources découlant de cette réforme.

Depuis 2008, le Conseil fédéral rend régulièrement compte de l’exécution et de l’efficacité de la péréquation financière dans des rapports d’évaluation. Le prochain rapport portera sur la période 2020-2025. Le Département fédéral des finances et l’Administration fédérale des finances fournissent des informations plus détaillées sur leurs sites.

Répartition des tâches entre la Confédération et les cantons

La réforme de 2008 a permis de désenchevêtrer les tâches entre la Confédération et les cantons. Pour bien fonctionner, un État fédéral doit délimiter clairement les missions des différents échelons et en arrêter les modalités de financement. Seule une définition précise des responsabilités permet d’accomplir les tâches publiques avec efficacité et dans la transparence. En vertu du principe de subsidiarité, la Confédération ne doit assumer que les tâches qui excèdent les possibilités des cantons (ou des communes) (art. 5a et 43a, al. 1, Cst.). Conformément à celui de l’équivalence fiscale, la collectivité qui bénéficie d’une prestation de l’État doit en assumer les coûts et peut en arrêter les modalités (art. 43a, al. 2-3, Cst.).

À l’été 2019, soit une dizaine d’années plus tard, la Confédération et les cantons ont lancé un réexamen des tâches réalisées et financées conjointement. Ce projet a été suspendu dans le contexte de la crise liée à la pandémie de COVID-19. Le Conseil fédéral et les cantons entendent décider d’ici l’été 2024 s’il est opportun de prévoir une nouvelle répartition et, si oui, de quelle manière. Un autre projet devra quant à lui déjà avoir pris forme : le monitoring de l’évolution des coûts aux niveaux fédéral et cantonal dans les domaines à forte dynamique de dépenses. Cet instrument pourrait à long terme fournir de nouvelles informations et jeter les bases d’un nouveau désenchevêtrement.

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